ALEXIS
Fièrement porté par sa puissance de centaure
Alexis s’élance, rieur, hennissant et se fouettant à grands coups
Pour épater la galerie avec ses foulées surhumaines
Parcourant des kilomètres et des kilomètres pour aller danser
toutes les nuits
dans tous les villages
Parmi les belles qui se moquent de lui
Dépasser les trains dans l’espoir de gagner leur cœur
Fuyant son père, son mépris et ses exigences
Alexis, cheval du nord simple d’esprit, ne sera jamais comme tout le monde
Alexis Lapointe, mort sous un train, est devenu sa propre légende
Bienvenue dans notre espace de création
Défilez l’écran vers le bas pour parcourir tout le processus artistique d‘Alexis depuis sa genèse.
Chorégraphie : Simon Ampleman
Dramaturgie : Mélanie Viau
Interprétation (artistes à la création) : Simon Ampleman, Valmont Harnois, Juan Sebastian Correa, Gabrielle Simard et Liane Thériault
Direction de répétition : Claude Bellemare
Musique originale et environnement sonore : Viñu-Vinu
Lumière : Joëlle LeBlanc
Costumes : Jonathan Beaudoin
Soutien au jeu d’acteur : Frédéric Cloutier
Photographie : Marc Bourgeois
Partenaires à la création : Conseil des arts et des lettres du Québec, Conseil des arts de Montréal, Agora de la danse, Maison de la culture Mercier, Carrefour culturel de Notre-Dame-des-Prairies, Théâtre La Rubrique, Parcours Cré’Ados, Rencontre Théâtre Ados, Théâtre Hector-Charland, Centre de Création Diffusion de Gaspé,
Corporation de la salle de spectacles de Sept-Îles et
Centre des arts de Baie-Comeau
Production vivante
Hiver-printemps 2023
Montréal, L’Assomption, Laval
Étape ultime, exaltante, chargée d’idées, d’émotions et d’heures de travail, la production donne vie à l’univers chorégraphique : images, couleurs, textures, sons, musique, tout s’amalgame pour créer l’œuvre scénique. Aux costumes — faits entièrement de matières recyclées —, Jonathan Beaudoin explore la chronologie d’Alexis et son rapport aux vêtements comme marques de statut social, en les réfléchissant de façon évolutive, selon la dynamique de chaque « personnage ». À la lumière, Joëlle LeBlanc imagine l’espace extérieur à travers les brumes, les rayons de soleil, la poussière des chemins de terre, le froid glacial… et partout dans la salle, le public se trouve enveloppé par les sons ambiants de cet espace sauvage, mixés par Gabriel Vinuela Pelletier, à qui on doit une trame sonore électro épique créée en symbiose avec la dramaturgie.
Un plancher de danse, un vrai, en bois québécois, comme à l’époque des veillées qui duraient toute la nuit dans les maisons : ce décor est le plus signifiant pour Alexis, celui qu’il animait à la joie de tous ceux et celles qui l’ont connu.
Grande première d’ALEXIS : 24 avril 2023 au festival Rencontre Théâtre Ados, à la Maison des arts de Laval
Création chorégraphique
Automne 2022
Montréal et L’Épiphanie
En tournage au ranch Univers cheval pour créer la bande-annonce d’Alexis, l’équipe de création a occupé les champs et manèges à chevaux pour interpréter quelques séquences chorégraphiques in situ. À ce stade, la structure du spectacle est solide (merci au Parcours Cré’Ados et à la maison de la culture Mercier pour l’accueil !) et nous filons tout droit vers la production, en intégrant tranquillement le compositeur musical Gabriel Vinuela-Pelletier, tout en réfléchissant au potentiel qu’a la lumière de rendre un espace extérieur sensible sur scène. Et dans cet espace scénique à construire, pourrait-il y avoir de la matière naturelle ? Peut-être de la terre ? Un immense bac à sable ? De quoi aura l’air notre terrain de jeu ?
Hiver 2022
Montréal (CAM et studios Louise Lapierre) et Notre-Dame-des-Prairies
L’équipe de création a eu le bonheur de défricher pendant 6 semaines les territoires de l’homme-cheval et l’homme-spectacle en creusant une foule de sillons entre le langage du superpouvoir de chaque interprète, son incarnation chevaline et les dynamiques de tension entre les archétypes du récit d’Alexis le Trotteur. En salle de répétition et en résidence artistique, la sensibilité, l’écoute, la rigueur technique, les discussions thématiques sur l’adolescence, le travail d’interprétation théâtrale et l’abandon total dans les improvisations dirigées ont guidé les artistes dans notre bulle d’intelligence collective créée pour le spectacle. Le noyau est solide et la structure dramaturgique prend forme de plus en plus.
Expérimentations chorégraphiques interactives
Novembre 2021
Agora de la danse — laboratoire public
« Premières rencontres formelles avec le public jeunesse de l’Agora de la danse — à la fois en présentiel et en virtuel : cette connexion sincère, sensible et spontanément vraie nous confirme que la forme interactive fonctionne à merveille. On conserve?
Présenté en 4 blocs distincts, tous attachés étroitement à notre interprétation personnelle d’Alexis, le laboratoire a permis d’explorer et valider plusieurs séquences chorégraphiques créées en symbiose avec les canevas d’improvisation, dans lesquels le public était appelé à choisir les éléments du fond et de la forme — le climat qui entoure les danseurs, l’intention du tableau, les états de corps émotionnels, l’imposition d’un « super pouvoir » — soit par vote, soit par appel direct. » — Simon Ampleman
Famille
Quelle est la différence entre désirer et vouloir?
– Désirer, c’est comme des rêves, de la poésie.
– Quand je désire, c’est que c’est vraiment important pour moi.
– Vouloir, c’est ma tête. Désirer, c’est mon coeur.
– La volonté, c’est ce qui me dirige. Le désir, c’est ce qui m’active.
Qu’est-ce que tu veux/désires et qu’on t’empêche de faire? Qu’est-ce qu’on veut/désire pour toi et que tu refuses?
(entretien avec des adolescents)
Différence
Alexis était très différent des autres, notamment en raison de son extrême hypersensibilité! Faites-moi un geste spontané, donnez-moi des émotions opposées, nous allons faire improviser nos danseurs…
Quelle est l’étiquette qu’on t’a collée?
Comment vivre son propre moi dans la société?
Comment assumer sa différence?
Est-ce que la différence peut être un super pouvoir?
(entretien avec des adolescents)
Course
Pourquoi Alexis courait selon toi?
– Il était différent, il avait beaucoup d’énergie!
– Pour s’évader, pour oublier ses problèmes.
– Pour montrer son importance.
– Pour s’exprimer.
– Parce qu’il était inspiré par les chevaux, courir lui faisait du bien!
Après quoi coure-t-on dans la vie ?
(entretien avec des adolescents)
Légende
Si tu avais un super pouvoir, ce serait quoi?
Faire de la télépathie ou de la télékinésie / Voler / Devenir invisible / Me liquéfier / Cracher de la glace / Contrôler la nature / Me transformer en tout ce que je veux / Être immortel …
Chaque danseur a un super pouvoir : on va leur demander de se rencontrer et de générer une mutation de leur pouvoir…
Comment crée-t-on les légendes?
(entretien avec des adolescents)
Alchimie artistique
Novembre 2021
Création de tableaux et partitions
« Dans notre espace de création, nous avons conçu des machines de train ultra puissantes qui prennent forme à même les corps, avons joué aux chevaux aveugles, développé des super pouvoirs qui conditionnent le mouvement et contaminent ceux des autres. Nous avons cherché Alexis dans nos jambes et notre vitesse, dans notre folie et notre enthousiasme, puisant avec curiosité dans toutes les archives rapportées par la dramaturge qui nous accompagne. Dans la vague naturelle qui fait changer les corps de texture, guidés par des émotions extrêmes inspirées de la vie d’Alexis, des tableaux ont pris forme dans l’Espace blanc de l’Agora de la danse. » — Simon Ampleman
« Combien de fois devrai-je mourir pour que tu m’aimes? »
(Alexis le Trotteur de Marjolaine Bouchard)
Comme on crée les légendes
On créa Alexis
Ce que tous ont rapporté, raconté, inventé
Devient essence pour la machine
Elle ira très vite
Plus vite que nous tous
Et Alexis, fou de joie, déclare la course et s’élance.
(notes d’exploration)
Le corps veut tout prendre
Veut couvrir tout l’espace
Tout prendre
Chaque direction, chaque pas
Chaque tornade et vent du nord
Faire qu’un
Pour atteindre le ciel plus vite et faire que la légende soit réelle
Du bout des orteils jusqu’à la pointe des cheveux
L’immensité à portée de main qui veut
À portée du cœur qui désire
L’élan. Le grand. Pour y aller soi-même sans attendre quoi que ce soit.
Comment créer la brisure autrement qu’en baissant les bras, laissant tout tomber
le regard vide et mort?
(notes d’exploration)
Personne n’a jamais compris son rythme
Sa volonté d’aller plus vite que son temps
Plus vite que toutes les machines modernes
Regardez-le, c’est incroyable
Et de village en village
Tous le connaissent, s’attendrissent, s’indignent et rigolent
Cheval simplet aux allures burlesques
Un amusement ambulant pour la société du spectacle.
(notes d’exploration)
En parcourant les chemins du corps à la recherche d’Alexis
À la recherche des étoiles
Du sensible, d’une tension, s’ouvrant à plus grand que soi.
(notes d’exploration)
C’est une famille, chacun pour soi,
Présente en tout temps
Tend le bras pour chaque chute
Jusqu’à ce qu’Alexis tombe devant le train.
(notes d’exploration)
Un cheval démembré au milieu des rails
Broyé, disloqué
Encore assez conscient pour chanter
Des hommes courent partout autour de lui
Se sauvent
Le cheval meurt sous la machine
Cette fois il n’a pas gagné la course.
(notes d’exploration)
Discussions et appropriation des thèmes
Octobre 2021
Maison de la culture Mercier — résidence
« Déjà dans nos premières explorations, il a été confirmé que l’histoire d’Alexis trouve un écho important chez les jeunes : leur participation active et généreuse aux discussions a dépassé nos attentes et leur engagement dans les ateliers fut franchement révélateur de leur intérêt pour la danse. Les jeunes y ont aussi réalisé tout le potentiel artistique d’un simple geste, d’une expiration, d’un déplacement vers l’autre, etc. Ils ont aussi créé des ponts entre l’histoire — réelle et amplifiée — et le langage dansé avec lequel, sans y penser, ils ont une affinité naturelle.
Ensemble, nous avons avancé sur divers territoires, défrichant les espaces de la vitesse, des exigences, de l’ambition, de l’empathie, de l’authenticité et du talent. En salle de répétition et en salle de classe avec des élèves de secondaire 3, 4 et 5 (école Louis-Riel, Montréal), nous avons exploré des sphères inédites permettant de dépasser « le conte » pour exposer la légende d’Alexis le trotteur sous un angle actuel dans lequel les jeunes se reconnaissent. » — Simon Ampleman
« Vouloir« , ce n’est pas « désirer », aspirer, convoiter ; le vouloir s’en distingue par l’émotion du commandement. […] Il n’existe pas de « vouloir » en soi : on veut quelque chose. Le vouloir comporte que l’on donne un ordre (ce qui ne veut, bien entendu, par dire que la volonté soit « effectuée »). »
— Nietzsche, La volonté de puissance
C’est quoi le talent?
– C’est quelque chose que quelqu’un d’autre découvre pour toi.
– …ouais, parce que ça prend le regard de l’autre pour te définir! Comme un besoin de validation.
– Le talent c’est quelque chose de plus grand que nature.
– Moi je crois qu’on a tous un talent, mais il faut travailler fort!
– Le talent c’est où l’on s’estime le plus.
(entretien avec des adolescents)
AuthenticitéFamille
Talent
Statut social
Ambition
Différence
Talent
Statut social
Ambition
Différence
« Être sincère envers moi-même signifie être fidèle à ma propre originalité, et c’est ce que je suis seul à pouvoir dire et découvrir. En le faisant, je me définis du même coup. Je réalise une potentialité qui est proprement mienne. Tel est le fondement de l’idéal moderne de l’authenticité.
[…]
L’authenticité, parce qu’elle implique l’originalité, appelle à la révolte contre les conventions. Il est facile de comprendre que la morale normative peut être associée à des conventions ridicules. La morale peut, au sens courant, impliquer évidemment la répression d’une bonne part de ce qu’il y a d’élémentaires et d’instinctif en nous, d’un certain nombre de nos désirs les plus profonds et les plus forts.
[…]
L’authenticité est elle-même une variante de la liberté : elle demande que je trouve moi-même mon projet de vie contre les pressions du conformisme. C’est ce qui relie authenticité et liberté. »
— Charles Taylor, Grandeur et misère de la modernité
Investir l'espace public
Octobre 2021
Parc Lafontaine – explorations in situ
« Ample Man Danse crée des œuvres chorégraphiques participatives in situ depuis ses débuts avec des artistes professionnels de tous milieux. Dans toutes ces créations, déployées dans des lieux non dédiés, devant public, l’espace a toujours exercé une forte influence sur la composition chorégraphique, que ce soit au niveau de son histoire, son architecture, sa dynamique spatiale, sa signification, son nom, son caractère sensible pour la population, etc.
Le lieu est un élément très actif dans la composition chorégraphique, au sens où il a une forte capacité de transformation du corps de l’interprête, de ses mouvements et de sa relation avec d’autres corps. Il est donc clair pour moi que nous devrons faire des allers-retours entre la salle de répétition et le travail in situ. Ainsi, j’entreprends ma recherche sur Alexis dans divers lieux extérieurs, en dialoguant sans cesse avec le matériel d’archives, les thématiques de l’histoire, l’imaginaire collectif en émergence lors des rencontres, etc. Au cours de mes expériences passées en création de vidéodanse in situ, j’ai réalisé la force du regard du réalisateur dans la façon dont les lieux dévoilent leurs possibilités d’exploitation artistique. » – Simon Ampleman
« Le spectacle est l’idéologie par excellence, parce qu’il expose et manifeste dans sa plénitude l’essence de tout système idéologique : l’appauvrissement, l’asservissement et la négation de la vie réelle. Le spectacle est matériellement « l’expression de la séparation et de l’éloignement entre l’homme et l’homme » […] le besoin anormal de représentation compense ici un sentiment torturant d’être en marge de l’existence. »
— Guy Debord, La Société du Spectacle
Sur l’espace public
« […] toute communauté tend vers la confusion, la fusion commune. À l’inverse, l’espace public doit se comprendre comme un espace de diffusion, parce qu’au lieu de fondre les individus dans la figure de l’Un, condensant l’ensemble social en son principe unifiant, il les répand dans l’espace, les extériorise, les tient à distance. Espace de diffusion aussi, parce qu’il se donne comme le lieu et la modalité d’une transmission entre individus tenus séparés, instituant et préservant une possible communication. »
— Tassin 1992, dans L’Espace public
« […] public signifie moins commun que visible. Le domaine public est cet espace de visibilité, lieu de l’apparition du monde. » (Tassin 1992)
Une rencontre avec le folklore québécois
Été 2021
La genèse du projet Alexis
« J’ai toujours été fasciné par les légendes, surtout par celles portant sur des personnages héroïques qui ont réellement existé (faits historiques à l’appui), soit des gens du peuple ordinaire dont l’histoire fut amplifiée et magnifiée par l’imaginaire populaire. De toutes ces histoires du folklore québécois que je prends plaisir à lire à mes enfants, notre préférée est celle d’« Alexis le trotteur » : un homme simple qui courait plus vite qu’un cheval, qu’un navire, qu’un train… Dans cette légende se cachent de multiples couches de sens qu’on peut explorer à la lumière d’aujourd’hui, tant elles sont actuelles, et ce sont ces couches de sens qui feront émerger, au cours de diverses étapes exploratoires, la création chorégraphique.
Marginalisé, rejeté et dénigré par son père qui n’acceptait pas son excentricité, Alexis Lapointe (1860 – 1924), athlète aux capacités surhumaines, est devenu, pour la société, un « animal de foire », adulé pour ses exploits et applaudi de tous avec un mélange de curiosité et d’admiration. J’y vois également deux dichotomies s’affrontant l’une l’autre, créant une forte zone de tension physique et psychologique qui sera intéressante d’explorer chorégraphiquement : celle d’un être seul, placé au centre de l’intérêt de la société du divertissement et devenu légende malgré lui, et à l’inverse, celle d’un être seul qui cultive une volonté de puissance extrême dans sa recherche de reconnaissance sociale, vivant au cœur d’un monde numérique et plus rapide que jamais. » — Simon Ampleman
Un caractère distinctif
« D’une intelligence médiocre, il avait développé, sans trop s’en rendre compte, cette capacité de courir ou de marcher de longues distances. Indubitablement présente dans tout son être, cette puissance un peu spéciale était là depuis sa naissance […] Alexis, probablement « sur-conscient » de cette supériorité sur les autres, s’y laissa un peu prendre! Très fier de son état qu’il qualifiait souvent d’inégalable, il devint très arrogant et ne vit ou ne visa jamais plus loin.
Il était en effet hanté par le désir de toujours attirer l’attention sur sa personne. Il n’acceptait pas d’être le second, dans le domaine de la popularité. Pour cela, il lui arrivait de manquer de jugement. » (Larouche 1977)
Bibliographie — archives sur Alexis
BILODEAU, Ernest (2008). « Alexis le Trotteur ». Revue d’histoire de Charlevoix, No60, p.18
BOUCHARD, Marjolaine (2011). Alexis le Trotteur ou les trois mourures du cheval du nord. Les Éditeurs réunis : Québec.
GAUTHIER, Serge (1987). « Le légendaire Alexis Lapointe dit « le trotteur » (1860-1924). » Revue d’histoire de Charlevoix, No1-4, p.19
GAUTHIER, Serge (2008). « Alexis le folklorique : analyse de quelques récits. » Revue d’histoire de Charlevoix, No60, p.7
LAROUCHE, Jean-Claude (1977). Alexis le trotteur. Athlète ou centaure? Les Éditions JCL : Ottawa.
SAVARD, Félix-Antoine Mgr (2008). « Le Centaure d’Alexis. » Revue d’histoire de Charlevoix, No60, p.19
Bibliographie — questions philo
DEBORD, Guy, 1967. La Société du Spectacle. Buchet/Chastel : Paris.
GAULEJAC, Vincent, 2004. « Le sujet manqué ». Dans L’individu hypermoderne, sous la direction de Nicole Aubert. Érès : Toulouse.
NIETZSCHE, Friedrich (texte établi par Friedrich Würzbach), 1995. « Les instincts, métamorphoses de la volonté de puissance ». Dans La volonté de puissance. Tome 1. Paris : Gallimard.
NUNÈS, Kim et Julie Rivard, 2019. Comprendre la douance. Pour en finir avec le mythe du génie à qui tout réussit. Montréal : Les Éditions de l’Homme.
TASSIN, Étienne, 1992. « Espace commun ou espace public? L’antagonisme de la communauté et de la publicité ». Dans L’espace public. CNRS Éditions : Paris.
TAYLOR, Charles, 1992. Grandeur et misère de la modernité. Bellarmin : Montréal.
La nécessaire liberté
« Se sentant plus ou moins accepté par les siens, il commença à sauter de l’autre côté de la clôture et très tôt, il n’écouta que son instinct d’évasion […] Peut-être, en fait, était-il seulement à la recherche de gens qui l’accepteraient un peu mieux, de visages qui riraient de ses prouesses et de ses vilains tours. » (Larouche 1977)
Quelques témoignages
» […] il ne travaillait pas pour l’argent, il n’aimait qu’une chose : amuser les autres soit en dansant ou en jouant de la musique à bouche le soir dans le « campe »! » [Philippe Gilbert, Montréal, 1967]
« Il hennissait comme un cheval ; il trottait aussi comme un cheval. Il avait des poumons de cheval et trottait facilement avec un cheval. » [Xavier Brassard, Bagotville, 1937]
« Il n’avait pas d’ennemis ; quand on savait qu’il était ici à Clermont, il fallait aller le retrouver pour qu’il nous fasse une veillée. » [Aimé Lapointe, Clermont, 1966]
* tirés de Larouche, Alexis le trotteur. Athlète ou centaure?
Un fils différent
« Sans être la honte de sa famille, il n’était guère prisé. Et si ses parents ne l’ont jamais rejeté du foyer, ils n’acceptaient pas plus de rire de ses prouesses, ce qui l’eût définitivement encouragé à continuer. Cependant, ils le savaient fort ratoureur et riche de milles idées aussi espiègles les unes que les autres, et pour cette raison, les parents Lapointe craignaient trop souvent qu’Alexis ne leur fasse une bévue sans crier gare! C’était là leur hantise envers ce fils un peu spécial. […] On commença vraiment à le remarquer, à le montrer du doigt, à rire et à s’amuser de ses prouesses. Il se rendit compte que certaines gens ne détestaient pas sa compagnie! Ce fut là d’ailleurs une des causes qui l’éloigna de sa famille qui ne prisait pas toujours son goût prononcé pour les facéties. […] D’une sensibilité défectueuse, un rien pouvait lui faire plaisir et tout pouvait lui faire de la peine. » (Larouche 1977)